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                 LETTRES DE L'ÉCOLE NORMALE                      55

    Mon ami, je ne saurais trop te recommander la lecture de
saint François de Sales. Je te l'ai laissé exprès pour que tu
 puisses en jouir. Vous êtes bien heureux, vous autres
 cadets, vous profitez de toute l'expérience quevos aînés ont
 acquise péniblement et à la sueur de leur front, et vous en
•profitez jeunes encore. Ainsi, je ne connais ce livre que
 depuis la fin de l'année passée, et je regrette bien de ne
 l'avoir pas connu plus tôt ; il m'aurait évité de tomber dans
 bien des pièges. Profite au moins de cet avantage que tu as
 sur moi.
    Je me nourris de ce livre, et il me fait un bien inesti-
 mable. Je viens de lire quelques beaux chapitres ; entre
 autres dans la troisième partie, le chapitre 37, Des Désirs,
 page 532 de l'édition que nous avons. Les quatre ou cinq
  qui le précèdent sont aussi de toute beauté. Lorsque je le
 lis, j'ai à côté de moi une plume et du papier, et je prends
 note de la pensée principale de chaque chapitre, et des
 idées qui m'ont frappé dans son développement. C'est pour
 moi la seule manière de bien me rendre compte de ce que
 j e lis ; et je te conseille fort de m'imiter. J'ai ainsi amassé des
 quantités de petits morceaux de papier, et quelquefois je les
 repasse avec un grand profit et un grand plaisir.
     Je t'écris en pieds de mouches, sans penser que tu as mal
 aux yeux et que peut-être il t'est difficile de me lire. C'est
  un moyen de te dire plus de choses en moins d'espace;
 cependant je ne voudrais pas même à ce prix te crever les
 yeux. Ecris-moi si cela te fatigue, et dorénavant je ferai
 mes caractères plus gros.
     Dis-moi aussi si tes occupations continuent à te plaire.
 Je m'habitue cette année assez mal au régime de l'école ;
 je suis un peu souffrant, et il me paraît bien fatigant de
 me lever à cinq heures. Mais comme dans ce monde où