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I76                    PAUL HUMBLOT

riences de la souveraineté populaire, tous, convaincus par
l'idée ou par le succès, âmes de patriotes ou natures de
fonctionnaires, apportèrent au nouveau chef leurs dévoue-
ments ou leurs énergies ambitieuses.
    Quelques-uns même, isolés de la politique, n'ayant rien
à solliciter, demeurant indépendants dans leurs libres fonc-
tions, n'en saluèrent pas moins l'Empire avec une conviction
désintéressée. Humblot fut de ceux-là.
   Comme son imagination faisait toujours planer au-dessus
des choses humaines l'intervention divine, il avait vu dans
Napoléon I er l'homme prédestiné, choisi dans le mystérieux
conseil de la Providence. Cette merveilleuse épopée qui,
en vingt ans entasse, accumule plus de victoires, écrit plus
de triomphes aux pages de l'histoire que des siècles entiers,
cette splendide époque que nous essayons follement
d'amoindrir aujourd'hui, comme si l'heure triste où nous
sommes n'était pas celle des souvenirs, des retours vers la
gloire passée qui console, l'immense génie de Bonaparte
avait vivement troublé son imagination : « Il ne m'est pas
démontré, répétait parfois Humblot dans ses confidences
intimes, que les destinées de notre patrie ne doivent pas
changer de mains. La Providence a ses vues. Peut-être a-
t-elle fait du grand Napoléon le fondateur glorieux d'une
dynastie nouvelle. » Et tout en conservant pour la monar-
chie légitime ses vénérations, ses préférences peut-être, il
n'en accueillit pas moins avec joie l'apparition de cette
nouvelle espérance.
   D'ailleurs, l'avènement de ce régime avait pour lui une
séduction puissante. Le principe d'autorité était, à ses
yeux, la vie et comme le souffle même du pouvoir. Il croyait
à la discipline sociale comme à la discipline militaire et
monacale. Il ne pouvait admettre que le chef du navire pût