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ET LE BARREAU LYONNAIS 183 demeurés ouverts sur ses genoux, tandis que la méditation qu'un mot avait éveillée emportait bien loin la pensée. De Maistre, Bonald, Balmès étaient devenus les conseils suprêmes de cette âme qui, peu à peu, apprenait à se déta- cher de la terre. Sans cesse il leur demandait un peu de cette vérité qu'il savait devoir bientôt contempler dans cette révélation mystérieuse que les enquêtes de la vie nous refusent, que seule la mort peut nous dévoiler ; et lorsqu'il passait, agitant le bras et remuant les lèvres comme pour un entretien commencé, quiconque alors l'eût abordé eût interrompu un dialogue intime avec un de ces grands pen- seurs, une confidence faite de cœur à l'un de ces illustres chrétiens. Enfin il voyait à ses côtés ses petits enfants qu'il appelle ses petits anges. C'est une bénédiction de Dieu d'avoir éclairé les derniers jours de la vie par l'aurore de ces char- mants sourires et rapprochant dans un même baiser, les têtes grises et les cheveux blonds d'avoir rajeuni et renou- velé les vieux cœurs dans une suprême affection. Il était heureux comme les hommes qui ont fait leur devoir, qui ont terminé leur journée laborieuse, et qui, se reposant sur leurs œuvres, peuvent regarder le passé avec une conscience calme, et l'avenir avec une invincible con- fiance. Aussi, lorsque la mort arriva, elle n'eut qu'un signe à faire, elle était attendue. Il eut les funérailles qu'il aurait souhaitées ! Les indiffé- rents avaient reculé devant un voyage. Seuls ceux qui l'ayant connu l'avaient aimé, seuls ceux qui avaient au cœur le respect et la vénération de cette noble vieillesse, étaient accourus ; et le cortège, pour être composé d'amis, n'en était pas moins nombreux. Il se déroulait à perte de vue à travers la campague déserte comme un jour de fête ; car