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D'AVAUX ET SERVIEN ^ss se veulent réserver les meilleurs coups sans les monstrer aux autres et que vous n'estimez pas qu'il soit encore temps de révéler aux mortels cette science mystérieuse que vous tenez si secrette et dont vous ne parlez jamais que par énigmes (8). »... « J'eusse bien souhaité... qu'il vouseust pieu de descouvrir à un pauvre mortel comme moy ceste lumière céleste dont vous seul estes esclairé (9). »... « Si vous voulez que. je vous parle plus franchement, on peut avoir quelque connoissance dans les affaires d'Allemagne sans parler allemand, sans y avoir demeuré aussi longtemps que vous (10). » Servien ne soutiendrait-il pas ici des idées, des préjugés modernes? Ne voyons-nous pas trop souvent, de nos jours, certains pays représentés par des ambassadeurs qui |ignorent la langue des contrées où ils sont envoyés, ou qui n'y séjournent que trop peu de temps? Mais Servien est-il bien sincère, et l'infériorité dans laquelle il se trouve sur ces deux points à l'égard de d'Avaux, ne l'irrite-t-elle pas d'au- tant plus qu'il en reconnaît au fond la réalité ? Il revient, quelques pages plus loin, sur le même sujet. Il ne s'agit plus, il est vrai, de l'allemand, mais du latin qui, avec des négociateurs parlant une langue peu connue, comme le danois, peut remplacer jusqu'à un certain point la langue que l'on ignore : « Vous voulez faire croire, en passant, qu'à cause que la conférence que nous eusmes un jour avec le résident de Danemark se passa en latin, je fus bien aise de vous laisser parler; à la vérité, quand il ne faut débiter (8) P. 89,90. (9) P- I9 1 - (io) P. 90.