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HT LE BARRI-AU LYONNAIS I75 L'Empire n'était pas un accident fortuit, le hasard heureux d'une conspiration bien conduite, le bon plaisir de la fortune, aidée de quelques hommes entreprenants. Dans les lois immuables qui règlent le cours de l'histoire, il avait sa cause et son origine. Le peuple, sans cesse ambi- tieux de se diriger lui-même et supportant avec impatience la tutelle impérieuse qu'il a choisie, aura toujours l'amour- propre et le désir de la liberté ; mais lassé du périlleux amusement de son indépendance, étonné de son impuis- sante légèreté, effrayé de ses propres affolements et des cri- minelles tentations qui l'entraînent malgré lui, comme un enfant, sans force et sans volonté, toujours il reviendra, repentant mais non pas corrigé, vers un maître auquel il abandonnera la charge et la responsabilité de son salut. Quoi qu'en puissent dire ces déclamateurs indignés qui traitent de crimes toutes les révolutions qu'ils ne font pas eux-mêmes, un soir d'émeute, a la tête d'une infime poi- gnée de populace, au milieu des rues dépavées, l'Empire était alors attendu, souhaité, appelé ; et lorsqu'il surgit tout à coup, mécontentant, par la brusquerie d'un coup d'Etat, certains esprits timorés qui n'aiment pas les surprises, il ne fit que devancer l'acclamation populaire. Aussi de tous les côtés, du sein même des anciens partis, monarchistes désabusés, estimant que l'intérêt curieux des luttes parlementaires n'en pouvait compenser les périls, — libéraux découragés par les cruels démentis que les imprudences de la démagogie donnaient sans cesse à leurs illusions et a leurs rêves, — républicains aimant assez le peuple pour ne pas l'exciter dans la voie de ses folies — tous ceux qui voulaient enfin le silence après les excès de la tribune, l'ordre et le repos après les batailles des rues, l'obéissance qui se confie après les faux pas et les inexpé-