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ET LE BARREAU LYONNAIS r r5 despotiques persécuteurs de l'Eglise, traiter de tyrans, les souverains qui les avaient gênés dans leurs ambitions, et étaler le mot de liberté dans leurs programmes, dans leurs déclamations et sur les murailles de leurs édifices. Il s'indi- gnait de voir la crédulité populaire, se prendre à la parodie de cette pure idée. Pacifiant sa colère sous une forme théo- rique, il recherche quelle règle doit mettre une mesure à la liberté sans limite qui est l'anarchie, et au pouvoir sans frein qui est la tyrannie. Cette règle, il la trouve dans le Décalogue, cette loi des lois, cette éternelle barrière posée par la sagesse divine. Tout ce qu'ordonne ou permet la loi donnée par Dieu, dans le Décalogue, l'individu le peut et c'est la liberté. Tout ce que cette loi prohibe, le souverain doit le reprimer, et c'est l'ordre dans la liberté. Qu'importe dès lors, un décret suranné que l'on emprunte aux temps les plus troublés de l'histoire ! Qu'importe une loi de haine rendue par une chambre affolée ! « Si cette loi à la main, vous prétendez violer contre moi la loi typique, la loi de Dieu, si vous voulez me contraindre à renier ma foi, à la laisser éteindre dans l'âme de mes enfants, alors l'abus que vous faites contre moi de votre force, devient un crime, un crime dont le nom est en exécration à Dieu et aux hommes, et, vous flétrissant de ce nom, j'ai le droit de vous dire. Vous êtes des tyrans ! » Jamais son zèle n'a faibli, lorsqu'il a fallu combattre les ennemis de sa foi ou saluer les victimes des persécutions. Pouvait-il garder le silence devant les magistrats qui bri- saient eux-mêmes leur carrière, ne voulant pas servir une loi inique et obéir à des ordres dégradants ? Un soir, au banquet confraternel des avocats, où le Barreau rappelait à lui son ancien bâtonnier, au milieu des toast, parmi les applaudissements joyeux et les plaisanteries juvéniles, dans