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ET LE BARREAU LYONNAIS I09 Ce souffle religieux se rencontre à chaque page d'une correspondance très curieuse qu'Humblot a entretenue jusqu'à sa mort, avec une femme très distinguée, Mme Gro- gnier-Arnault, donc l'âme pieuse et l'esprit élevé faisaient la meilleure et la plus attentive des confidentes. Rien n'est plus rare et plus doux à rencontrer, qu'une interlocutrice que rien ne distrait, qui possède l'art difficile d'écouter et d'entendre, qui devine toute une pensée dans un seul mot, qui sourit aux jolies choses à peine exquissées, qu'elle sait deviner, qui vous suit et vous soutient jusque dans les exagérations de l'enthousiasme, une associée d'esprit et de cœur, qui met notre âme à l'aise, pour les libertés de ses expansions. Aussi Humblot sait trouver des accents sincères pour lui exprimer à la fois sa joie et sa reconnaissance : « N'ai-je pas aussi, douceur que Dieu réservait à mes vieux jours, ce charme d'une amitié à laquelle je ne trouve rien de comparable dans mon passé, cette amitié d'une âme incroyablement sympathique à la mienne, avec la- quelle je suis dans un complet accord de sentiments, d'affec- tion et de croyance, à qui je puis tout dire sans l'ennuyer, et que, de mon côté, je ne me lasse jamais d'entendre. » Humblot avait toujours recherché la société et la conversa- tion des femmes, dans lesquelles l'homme a tout à gagner, car elles obligent à une réserve polie, à une finesse de la pensée, à une élégance de la forme que leur familiarité seule peut donner. Aussi pour ces délicats, est-ce une bonne fortune, lorsqu'ils rencontrent aux dernières années de leur vie, une de ces amitiés en cheveux blancs, qui unissent à une érudition et à une intelligence vraiment viriles, je ne sais quelle grâce posthume de coquetterie féminine. Mme de Sévigné le dit quelque part, d'agréable façon : « Jeunesse et printemps, ce n'est que vert et toujours vert; mais nous,