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io8                         PAUL HUMBLOT
mures de ce fracas, qui s'éteignent et meurent à mesure; en haut, le
silence, un fils qui pleure et des amis dans la tristesse ; puis, les amis
se dispersent, le fils, lui-même, est redescendu. La croix seule reste, la
croix, rameau planté pour fleurir dans l'éternité, et sur la tombe où
elle manque, que reste-t-il (2)!! ! »


   Cette croix, c'est-à-dire la vision consolante d'un bon-
heur futur par-delà nos tristes horizons voilés de larmes, la
promesse du revoir au milieu des désespoirs de l'adieu, la
solution rassurante du mystère de la mort, l'espérance d'un
réveil éternel berçant le dernier sommeil de cette terre,
nous la retrouvons dans tous les écrits d'Humblot, et tou-
jours il en a l'image sous les yeux, la préoccupation dans
le cœur et dans ses œuvres, la mystique poésie. C'est que
toutes les notices, les dissertations philosophiques, les cor-
respondances qu'il nous a laissées, datent des dix dernières
années de sa vie. Déjà la vieillesse est venue et ce chrétien
prudent ne ferme pas l'oreille à ses discrets avertissements.
Lorsque sa plume transcrit ses intimes pensées, est-il éton-
nant qu'elle traduise à chaque instant cet austère recueille-
ment :

   « Sans cesse, écrit-il, retentit en moi une voix qui me dit : Tu as
dépassé et de longtemps, la durée commune de la vie humaine. Tous
tes amis, à de très rares exceptions près, sont morts, et sur la terre, tu
ne trouves presque plus de 'contemporains. Tout à l'heure, c'est ton
tour. Dans quelques semaines peut-être, mais certainement dans quel-
ques années, tu seras devant Dieu. Avec ces pensées qui ne me quit-
tent pas, comment ne profitai-je pas mieux de ces derniers jours de
grâce qui me sont laissés ? »



  (2) P. Humblot, Discours de réception à l'Académie des Sciences,
Belles-Lettres et Arts de Lycn, 25 décembre 1876.