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ET LE BARREAU LYONNAIS 105 son enfance, par l'atmosphère qu'il respira, grandissant auprès d'une sainte mère qui le berçait avec de pieuses légendes, l'endormait avec des cantiques. Du jour où l'en- fant put avoir un respect, jusqu'à l'heure où le vieillard sentit sa pensée vaciller et s'éteindre dans la mort, sa foi catholique n'eut pas une défaillance, une interrogation soupçonneuse. Il n'eut pas, un seul instant, cette crainte que le tentateur suprême ait pu glisser une part d'erreur dans nos plus saintes illusions. Un grand philosophe a dit que « les vérités de la conscience sont des phares a feux changeants, que ce sont choses que l'on aperçoit furtive- ment et qu'on ne peut plus revoir telles qu'on les a entre- vues. » Humblot n'eut jamais, en regardant dans sa conscience, de ces illusions d'optique, de ces mirages décevants. Ce qu'ii aperçut avec les yeux du jeune âge, il eut ce rare bonheur de le contempler, durant sa longue existence, dans une clarté chaque jour plus intense. Il marcha jusqu'au bout de sa route, appuyé sur la même conviction, qui ne plia pas dans sa main. Il ne croyait pas à la façon libérale de certains esprits fort honnêtes qui, faisant entre les cultes un éclectisme indépendant, donnent pour guide à leur vie, les règles d'une philosophie religieuse. Il acceptait tous les dogmes de l'Eglise Romaine, sans effort, sans révolte, non pas qu'il étouffât les protestations de sa raison, mais il les mettait d'accord avec les confiances de son cœur. Très fervent, très attentif aux pratiques de son culte, il se plai- sait à l'obéissance et se pliait avec joie aux moindres exi- gences de la discipline catholique. Mais ces scrupules de la lettre ne l'empêchaient pas de comprendre largement l'esprit ; et il savait distinguer « les actes de foi qui élèvent l'âme et plaisent à Dieu, des actes de superstition qui abais-