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                    L'EXPOSITION DE 1879                         95
 ser le public, ce n'est pas de retrouver l'artiste dans tel ou
 tel rôle, mais bien de connaître l'homme tel qu'il est en
 dehors du théâtre, et de pouvoir ainsi mettre son nom sur
son visage quand il le rencontrera dans la rue. Malheureu-
 sement, il n'en est pas ainsi, et acteurs et actrices n'ont rien
de plus pressé que de se faire peindre dans le costume de
leur dernier succès ; le peintre lui-même ne se refuse pas à
la chose, sous prétexte que le costume moderne est affreux,
et surtout, ce qu'il ne dit pas, qu'il est difficile d'en tirer
un heureux parti, si Ton n'a pas de talent. C'est ainsi que
le public se trouve déçu dans ses espérances.
    Mais reprenons notre étude. Le tableau que M. Lenoir
nous a envoyé cette année est loin de valoir son Farnex,
dompteur d'Agrah, qui nous fit une certaine impression l'an-
née dernière ; cependant, c'est une peinture curieuse, et si
ses palmiers et son site sont aussi vrais que le type des fem-
mes qui viennent puiser de l'eau dans le Nil brumeux et
débordé, M. Lenoir est un ethnographe de mérite. C'est,
du reste, assez son genre et un genre intéressant.
    Dans les premiers jours de l'Exposition, ce tableau était
dans la galerie; on a jugé à propos de le transporter dans
la salle sombre et glacée de la momie, et là, abominable-
ment éclairé, il a perdu beaucoup. Il y a pourtant de bon-
nes choses dans cette salle de la momie. Il y a une Vue des
environs de Tanger, par M. Eugène Girardet, fort bien faite,
à notre avis, très-vraie de ton, autant que nous pouvons en
juger par les récits des voyageurs et les oeuvres de la plu-
part de nos plus célèbres orientalistes, Gérôme, Fromentin,
Belly, Bonheri, et tant d'autres dont le nom m'échappe en
ce moment. Il y a un paysage pris à Cernay-la-Ville, de
M. Castan, avec un rayon de soleil passant entre deux nua-
ges et frappant d'aplomb sur les arbres, les buissons et les
maisons, qui est bien rendu. Il y a le Favori de bébé, un