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                A SAINT-BONNET-LE-CHATEAU                   33
« gaige et en tout six chevaux pour le service du dict sei-
« gneur, délibéra venir en cette ville pour y faire sa tant
« désirée visitte. »
   Est-ce assez solennel, en vérité ? Et ne nous croirions-
nous pas en face d'une page de Thucydide décrivant les
luttes des villes grecques ou entreprenant de raconter la
peste d'Athènes ? La remarque du début « il est à notter
« pour la postérité » est simplement sublime.
   Cependant cette pompe de langage ne déplaît pas, l'im-
portance extrême attachée par le chroniqueur aux faits
qu'il raconte expliquant à la fois ses exagérations de lan-
gage et nous garantissant l'exactitude de son histoire. Il a
soin d'ailleurs de protester, à vingt reprises, de sa parfaite
véracité.
   Au reste, il le sait, quand il le faut, esquisser avec éner-
gie et concision tel portrait ou telle scène. Ainsi, trois mots
lui suffisent pour dépeindre l'auguste visiteur. « Les habi-
te tants, dit-il, admirèrent grandement la prestance, gran-
« deur et très-religieuse modestie de leur très-digne et très-
« pieux prélat. » Il y reviendra encore et laissera volontiers
son admiration s'attarder sur les vertus du Pontife ; mais,
déjà, ce portrait résume tous les détails qui suivront.
   Nous avons laissé l'archevêque « à la grande porte du
« pied de l'esglise. » La longueur des soirs d'été lui per-
mit de commenter sur l'heure la visite du lieu, voire même
d'administrer à un certain nombre de personnes le sacre-
ment de confirmation.
   A ce propos, le fidèle chroniqueur constate avec une
joie très-légitime sans doute, mais naïve, que, dans l'église,
l'archevêque trouva « par la grâce de Dieu » toutes choses
 K en fort bon estât et bien tenues. » Aux interrogations qui
 lui furent faites sur la garniture du grand autel, sur la ta-
 pisserie et les chapes, sur les fontaines baptismales, sur
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