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PIERRE ET JEANNETTE ou L'ÉCOLE DES PAYSANS (Suite) Le malheureux jeune homme ne donne pas à ses parents le temps d'achever, et il court dans la maison de Jeannette ; il veut voir par lui-même, il veut s'informer, auprès des parents de la jeune fille, du malheur qui l'a éloignée du village. Mille pensées bouleversent son esprit : court-elle un danger physique ? un danger moral ? Pourquoi n'est- elle pas ici ? A ses questions précipitées, le père André répond : « Jeannette, mon pauvre Pierre, a manqué perdre la vie, mais nous obtiendrons sa guérison de la bonté divine, je l'espère. Elle cueillait des cerises sur le grand cerisier que. tu vois là -bas ; comme elle descendait en tenant son panier plein de fruits, un barreau de l'échelle se brisa ; elle tomba sur le sol d'une grande hauteur; nous courons à son se- cours, nous la croyions morte, elle n'était qu'évanouie; mais quand elle revint à elle, elle ne nous reconnut pas. Sa raison paraissait perdue. « Que faire ? Nous mandons le plus habile médecin du pays, il déclare qu'il ne peut pas la guérir, qu'il faut la con- duire à l'hôpital des aliénés de Mâcon. Hélas ! il a fallu se résigner à cette dure nécessité. C'est là qu'est notre enfant;