page suivante »
6 2 PIERRE ET JEANNETTE Au bout de quelques jours, Pierre recevait une double lettre, qu'il lut avidement et qu'il me tendit les yeux pleins de douces larmes. Ses parents lui écrivaient : « Cher fils, « Ta lettre nous a fait grand plaisir. Elle nous a été lue « par Jeannette, qui est maintenant la plus savante du ha- « meau, et c'est elle aussi qui t'écrit notre lettre, puisque « nous avons le malheur tous les deux de ne savoir ni lire « ni écrire. « Comme tu as bien fait d'apprendre quelque chose ! « Au moins, tu peux nous dire toi-même tout ce que tu « penses, tout ce que tu fais ; si tu te portes bien, si tu te « trouves convenablement. « Nous étions parfaitement sûrs que tu te plairais chez « nos excellents maîtres, et que tu leur rendrais de bons « services. Tu les aimes, tu te fais aimer'd'eux et de leur « gentil petit garçon ; c'est tout ce que nous pouvions dé- « sirer de mieux. « Continue, cher Pierre, à faire ton devoir exactement, « sois honnête, n'oublie pas que la probité et l'honneur « sont les biens les plus précieux. Pense à Dieu et à tes « parents, qui t'aiment tendrement et t'embrassent de tout « leur cœur. « Nous allons bien tous. Nos cultures ont une appa- « rence convenable; ton amie Barjolée ( i ) , qui est tou- te jours la plus belle vache du village, a fait un veau su- « perbe, que nous élèverons pour toi. (i) Nom fréquemment donné aux vaches dans ce pays, quand elles n'ont pas une couleur uniforme ; c'est le mot Bariolée modifié.