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6          2            PIERRE ET JEANNETTE
   Au bout de quelques jours, Pierre recevait une double
lettre, qu'il lut avidement et qu'il me tendit les yeux pleins
de douces larmes.
    Ses parents lui écrivaient :

         « Cher fils,
   « Ta lettre nous a fait grand plaisir. Elle nous a été lue
«  par Jeannette, qui est maintenant la plus savante du ha-
«  meau, et c'est elle aussi qui t'écrit notre lettre, puisque
«  nous avons le malheur tous les deux de ne savoir ni lire
«  ni écrire.
   « Comme tu as bien fait d'apprendre quelque chose !
« Au moins, tu peux nous dire toi-même tout ce que tu
« penses, tout ce que tu fais ; si tu te portes bien, si tu te
« trouves convenablement.
   « Nous étions parfaitement sûrs que tu te plairais chez
« nos excellents maîtres, et que tu leur rendrais de bons
« services. Tu les aimes, tu te fais aimer'd'eux et de leur
« gentil petit garçon ; c'est tout ce que nous pouvions dé-
« sirer de mieux.
   « Continue, cher Pierre, à faire ton devoir exactement,
« sois honnête, n'oublie pas que la probité et l'honneur
« sont les biens les plus précieux. Pense à Dieu et à tes
« parents, qui t'aiment tendrement et t'embrassent de tout
« leur cœur.
   « Nous allons bien tous. Nos cultures ont une appa-
« rence convenable; ton amie Barjolée ( i ) , qui est tou-
te jours la plus belle vache du village, a fait un veau su-
« perbe, que nous élèverons pour toi.


   (i) Nom fréquemment donné aux vaches dans ce pays, quand elles
n'ont pas une couleur uniforme ; c'est le mot Bariolée modifié.