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380 ALBERT ALBRIER giste — le mot est dur, mais exact — a été si souvent dés- honoré par de vils exploiteurs de la vanité et de la sottise humaine, qu'il n'est pas hors de propos de réhabiliter une des branches les plus intéressantes de l'histoire. On se trom- perait étrangement si l'on supposait que la recherche sé- rieuse et impartiale de l'origine des familles est une étude stérile et nuisible au développement des aspirations libé- rales dont s'enorgueillit notre génération. Le contraire est plutôt vrai; et sans parler de l'utilité in- discutable des généalogies au point de vue historique, nous pensons, avec beaucoup d'esprits sérieux, que lorsqu'on veut y lire attentivement, on y trouve de précieux éléments pour l'apaisement de la crise sociale qui préoccupe, à bon droit, tous ceux qui ont souci de l'avenir. Ouvrez une gé- néalogie dressée sans passion et avec conscience : vous y puiserez de grands et salutaires enseignements et un cor- rectif assuré tant à l'orgueil effréné des uns qu'à la jalousie sauvage des autres. D'une part, que de prétentions exagé- rées ramenées à une plus juste appréciation des faits ! Que d'illusions détruites, faisant place à de saines et fortifiantes idées 1 Et, d'un autre côté, quel point de départ pour la plus noble émulation! Quelles consolations et quelles espéran- ces pour les déshérités d'aujourd'hui, qui, par le travail, fécondé par la vertu, peuvent légitimement aspirer à la fortune et aux honneurs ! En considérant l'évolution lente, mais continue, qui, depuis l'ouverture des temps modernes principalement, c'est-à -dire dès la fin du xve siècle, s'accomplit au sein de la société française, à l'ombre tutélaire de la Monarchie, on est frappé du mouvement ascensionnel, régulier, mesuré, incessant, qui, à part de rares exceptions, pousse les classes inférieures et laborieuses à la conquête d'un rang plus en- viable. Par l'essor donné aux lettres, aux sciences, aux