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                        ARCHÉOLOGIE                      139
tentent de poser la question sans la résoudre. Trompé par
l'aspect cotonneux du revers des dorures papyrifères qui
paraissent être couvertes d'une sorte de duvet, M. Charles
de Linas pensait que ces dorures étaient revêtues d'une
enveloppe préservatrice de baudruche. Le savant chanoine
Boch partageait encore cette opinion lorsque nous eûmes
l'honneur, en 1875, de conférer avec lui, à Aix-la-Chapelle,
de l'acquisition, pour le Musée de la Chambre de com-
merce, des derniers vestiges de sa précieuse collection.
   Les rédacteurs des anciens inventaires, comptes-royaux,
chansons de geste, etc., ne l'ont pas connue; du moins
ils gardent sur sa nature et son origine un silence com-
plet. Et cependant, les mentions de dorures de pro-
venances les plus diverses ne font pas défaut dans leurs
écrits. Concurremment aux ors de Chypre, de Lucques, de
Venise, ils citent l'or de Damas, l'or arabiant, l'or d'arabe
(aurum arabicum), l'or d'Espagne, l'or obrizé. Connaissant
la dorure papyrifère ils n'eussent pas manqué, croyons-
nous, de spécifier sa nature par une expression plus carac-
téristique.
   Venue de l'extrême Orient, la dorure papyrifère, sans
parler des étoffes chinoises, existe dans quelques étoffes
de soie de fabrication persane, surtout arabe, anté-
rieures au dixième siècle ; nous parlons de celles, bien en-
tendu, dans la texture desquelles apparaît l'or. Les collec-
tions du musée industriel de Lyon en fournissent des preu-
ves évidentes, puisées à des sources authentiques. Aux
siècles postérieurs, du onzième à la fin du treizième, son
emploi est tellement généralisé qu'on en constate la pré-
sence dans presque toutes les soieries façonnées, attribuées
aux fabriques arabes, Siculo-Arabes, Lucquoises et Espa-
gnoles. Pendant deux cents ans et plus, le fil d'or papyri-
fère domine partout. L'or métallique n'apparaît plus