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294 L'EXPOSITION DE 1879 charme à ce point qu'il faut s'en arracher pour apercevoir un tout petit cadre où M. Eugène Girardet nous a peint les Anes de Caboul. Oui, Caboul, si toutefois le livret dit vrai, et ne croyez pas pour cela que M. Girardet va nous conduire en Afganhistan ; il n'en est rien, nous sommes en France, comme le prouve, du reste, le drapeau qui décore le han- gar sous lequel s'abritent les ânes en question et Caboul, c'est, si je ne me trompe, l'ânier lui-même. Ces ânes sont bien rendus, ainsi que les promeneurs qui les louent, et le tout se détache sur un frais paysage qui, malgré l'exiguïté du cadre, a une grande étendue. Puis, avant de quitter la galerie, disons un mot des deux tableaux de M. Castex- Desgranges, et ne craignons pas d'avouer que, malgré les qualités de celui intitulé Bataille, deux kakatoès qui se dis- putent sur une jonchée d'oranges et de grenades, nous lui préférons celui que désigne ce simple mot Fruits.Les fraises, il est vrai, pourraient être plus étudiécs,mais le raisin mus- cat qu'on vient de sortir de sa boîte, est si transparent, si vrai, il est si doré, si parfumé même qu'on tend la main pour le saisir. Enfin, bien qu'ils ne soient pas les meilleurs du Salon, parlons des deux portraits qui semblent garder la porte qui s'ouvre sur la salle voisine. L'un est tout noir, c'est le portrait de Mme C..., par M. Loubet. Il est assez bien dessiné, mais d'une tonalité sombre qui fait pâlir les chairs et ne détache pas assez du fond de la toile les ve- lours de la robe. Que M. Loubet ne craigne pas de s'inspi- rer, au besoin, de l'étoffe de soie amaranthe sur lequel s'en- lève si bien la fillette de M. de la Brély, et nous croyons qu'il n'aura pas lieu de s'en plaindre. L'autre portrait est tout blanc, et nous représente M. Stéphane, du Grand- Théâtre, en costume de Zampa. Il est de M. Robin. Cette toile, assez prétentieuse, du reste, nous plaît peu : en effet, dans un portrait d'acteur, ce qui, à notre avis, doit intéres-