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310 MADELEINE lui dit-elle avec fermeté, — et pour rien au monde je ne faillirai à la tâche que m'impose leur triste situation, Cro- yez bien, Albert, qu'il m'en coûte excessivement de prendre un semblable parti qui me brise le cœur, et ané- antit toutes mes espérances de bonheur. 'Malgré ces paroles. Albert ne perdit pas encore courage, et, comme il l'avait fait la veille, il lui parla, en termes passionnés, de son amour, de leur avenir et de la douce existence qui serait leur partage. Madeleine pleura beaucoup en l'écoutant, puis s'effor- çant de surmonter sa douleur : — Non, mon ami, — répondit-elle, — n'insistez pas davantage. Albert comprit que tout était irrévocablement Sni pour lui, et il se retira en proie au plus violent désespoir. Madeleine avait demandé à M. Dupart de cacher à sa mère le motif de cette rupture ; ceux pour qui elle se sacrifiait ainsi l'ignorèrent toujours : un pieux mensonge servit à les tromper. Le soir de ce jour de cruelle séparation, Madeleine, après avoir donné aux deux vieillards les soins qui termi- naient chaque journée, s'assit au pied du lit de sa mère et se pencha vers elle, le regard humide de larmes. Lui pre- nant alors la main, la pauvre éprouvée murmura d'une voix émue : — Ma mère ! vous m'aimez, n'est-ce pas? Ma pré- sence vous fait du bien, et vous souffririez de me quitter? L'Aveugle tourna la tête du côté de la muraille et dit : — Mon Dieu ! Madeleine, je suis fatiguée ; laisse-moi donc reposer ! Ce mot de tendresse qu'elle réclamait comme unique récompense de son douloureux dévouement, il ne fut pas prononcé... Mmc Verneuil s'endormit en repoussant pres- que sa malheureuse fille !