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                        MADELEINE                      30')

  — Ma fille, — répondit la vieille aveugle en cherchant
à saisir les mains de Madeleine, — ma fille bien-aimée.
Dieu devait tôt ou tard récompenser tes vertus.
  — Mon Dieu ! — s'écria l'heureuse Madeleine, —
que m'arrive-t-il aujourd'hui ?... Sa femme ! « Ma fille
bien-aimée ! »

                           IV.'

   A partir de ce jour, Madeleine ne fut plus la même.
Elle se releva, se ranima, se transforma sous la douce
influence du bonheur. Elle retrouva bien mieux encore
que la beauté: il y eut en elle comme un rayonnement
intérieur, qui donna à son visage une expression de joie
contenue.
   Le sentiment qu'éprouvait Albert pour Madeleine était
vif, sincère et profond. Il lui consacrait tout son temps,
l'entourait de prévenances, de soins affectueux, lui té-
moignant ainsi tout ce qu'il y avait en lui de bon et de
généreux.
   Aussi Madeleine, qui appréciait ses nobles qualités,
ressentait-elle pour M. Dupart une affection sans bornes,
et elle ne parvenait pas toujours à dissimuler l'expression
de son amour à la fois si ardent, si pur et si chaste.
   Leur bonheur ne cherchait ni le soleil, ni le grand air,
ni l'espace. La petite maison en était seule le témoin.
MUo Verneuil, quoique dominée par son affection, n'ou-
bliait pas pour cela les devoirs que lui imposait la triste
situation de ses parents: il lui semblait, au contraire,
qu'ils devaient avoir leur part de ses joies, et sa ten-
dresse et son dévouement s'étaient accrus en raison de
tout ce qui lui arrivait d'heureux. Mais si sa personne
agissait et s'occupait comme auparavant, son âme
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