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JLË PAGE DU BARON DES ADRETS. S3i où, ne laissant pas plus de trace sur leur passage que la fumée qui s'évanouit dans les airs. D'abord, Beaumont voulut faire mettre aux fers la garnison entière ; puis, reculant devant la difSculté de l'exécution, il pensa simplement à faire mettre en juge- ment les officiers. Puis songeant au retour de Monlbrun, à l'expédition qu'il avait annoncée, à cette armée qui l'attendait aux portes de la ville, il refoula sa rage, tâ- cha de ne pas prêter à la risée des huguenots en jouant le rôle d'un vieil amoureux éconduit et, cachant avec soin la tempête de son cœur, se promit de faire payer ses ennuis aux cités catholiques dont il allait entrepren- dre la conquête. Il avait conféré avec le gouverneur, avec ce singu- lier comte de Sault également ami des catholiques et des protestants, également suspect, aux deux partis et qui de catholique devenu huguenot ne trouva pas de meil- leur moyen pour affirmer la sincérité de sa conversion que de mourir les armes à la main dans l'armée de Condé. Maintenant, suivi du capitaine Verlier, l'âme damnée du comte., il allait se mettre à la fête de son armée ; quand il fut à l'extrémité du faubourg de Vaise, en face des grands arbres de la Claire, iî chassa de son esprit tout importun souvenir. Le spectacle qui s'offrait à ses yeux était bien digne de faire battre le cœur d'un vieux soldat. Dans le parc immense qui s'allongeait de la Saône à la colline, dans cette plaine jadis humide, aujourd'hui arrachée aux dévastations de la rivière et dont un bois gigantesque ombrageait l'étendue, cinq mille hommes,