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                       CHM'ËAU-BAYARï.                         63

signifianee des ruines du castel, soit comme pittoresque,
soit comme architecture, et qu'à coup sûr le touriste s'en
retournerait très-désappointé.
    Mais que de joies intimes éprouvera celui qui sait lire
sur les débris épars, sur les pierres entassées au milieu
des broussailles, invoquant l'histoire des temps passés :
de même que les pages d'un livre dispersées par le vent et
rassemblées à grand'peine, pour lui, ces pierres devien-
dront éloquentes. Elles l'initieront à la vie des aïeux, lui
rappelleront leur piété, leurs exploits , leur galanterie ;
vertus qui se résument par cette devise chevaleresque :
Dieu, l'honneur et les dames!...        Et comme pour faire
ombre au tableau, elles diront aussi et l'ignorance, et
 l'abnégation, et la longue patience de ces vassaux qui de
leurs mains esclaves bâtirent ces castels,ces donjons desti-
 nés à l'habitation de maîtres souvent impitoyables... de ces
 vassaux attachés à la glèbe, et dont la triste destinée se
résumaitdans cette autre devise : Misère, désespoir, mortl..
    A une demi-lieure de l'ancienne frontière de France et de
 Savoie, non loin de L'Isère, à l'entrée de la vallée du Grai-
 sivaudan, sur une légère éminence au sommet arrondi,
 aux pentes couvertes de vignes, est assis le Château-
  Bayart, dont la vue cause une si douce sensation au cœur
 de tous les vrais enfants du Dauphiné.
   Les Terrail appartenaient à une de ces familles du
moyen-âge, appelées l'écarlate de la chevalerie française.
Ils portaient : D'azur au chef d'argent chargé d'un lion
naissant de gueules, au filet d'or, mis en bande brochant
sur le tout; leur devise était : Terrail, Feste-Dieu Bayartl
Seigneurs de Bayart, Bernin, Grignon, ils possédaient de
vastes domaines dans la partie du Graisivaudan qui touche
 aux confins de la Savoie.
   En 1404, Pierre Terrail, l'un des ancêtres du bon che-
valier, fit commencer sur l'éminence nommée le Bayart (1)

   (1) In loco dieto de Bayardo (Salv. de Boissieu, Usage des Fiefs,
 p. 317).
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