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332             LE PAGE DU BARON DES ADRETS.

 l'élite de i'armée des huguenots, étaient campés avec
l'ordre et la régularité de soldais aguerris.
     Français ou Dauphinois, Suisses ou Allemands, tous
 offraient le type austère et belliqueux du soldat évan-
 gélique à qui la licence était permise en échange d'une
 discipline sévère et d'une bravoure à toute épreuve.
     Les vétilles de la guerre, les chaumières brûlées, les
 châteaux mis à sac, les troupeaux enlevés, n'attiraient
 pas trop l'attention des chefs si la troupe attaquait avec
fureur et si la retraite se faisait avec r-alme et tranquillité
     La foi et l'audace étaient les deux seules vertus qu'on
 demandât aux soldats.
    A la vue de ces bandes aguerries, Beaumont sen-
 tit ce qu'il valait et ce qu'il pouvait. Il s'approcha des
rangs et, passa une inspection sévère.
    Sa parole inspirée, son air ardent et belliqueux , sa
figure illuminée par une pensée surhumaine, fanatisé
rent ses soldats. Ils jurèrent de le suivre et de vaincre,
fussent-ils en présence de toutes les armées des papistes,
devant les places les plus fortes que les Guisards pussent
leur opposer,
    A sa voix , l'armée s'ébranla et de suite elle prit la
route des montagnes.
    On peut suivre encore cette voie, aux souvenirs des
dévastations et des ravages qu'elle y commit.
    An sommet des gorges qui séparent les bassins de la
Loire et du Rhôae, sont de riches et fortunés villages
où la foi règne encore, où la vertu n'est point un vain
mot. Yzeron fut détruit et son église saccagée ; il fallut
des siècles pour réparer quelques instants d'une guerre
faite aux hommes et à Dieu.