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               LE PAGE OU BARON DES ABRETS.               547

    — Il te faut deux fois, dit le baron en fronçant le
sourcil ?
   — Je vous le donne en quatre répliqua fièrement le
soldat, et de son œil loyal et franc il soutint le regard fa •
rouche du génère I.
   Etait-il las de sang? la raillerie devant la mort désar-
ma-t-el!e celui que ni la vieillesse, ni le courage, ni la
sainteté n'avaient touché?quoi qu'il eu soit, le général
se prit à rire.
   — Qu'on le laisse aller, dit-il, et ceux qui le suivent
aussi.
   Les soldats acclamèrent la joyeuseté du prisonnier et
la clémence du général ; les officiers, rassasiés de ces
exécutions barbares applaudirent pareillement et le soir
le mot célèbre égayait les conversations, déridait les
fronts et jetait une note gaie dans le concert funèbre
qui s'élevait de tous les coins de la cité. Peu s'en fallut
que cette ville désolée ne sût gré au- bourreau hugue-
not d'avoir relâché sa victime pour un bon mot.
   Le deuil était pourtant immense, dans la capitale du
Forez. Ses meilleurs, ses plus illustres citoyens avaient
succombé. Outre ceux qui étaient morts les armes à la
main, on citait Jean Régis, chantre et chanoine de l'é-
glise Notre-Dame, Antoine Clépé, syndic, JeanChanal,
docteur, Jean du Grozet, notaire, le savant chanoine
Louis Papon était prisonnier, sa maison pillée et ses pa-
piers détruits ; Chaimazei, gardé étroitement, attendait
qu'on payât sa rançon. Le chanoine Guillaume Perrin
allait périr, mais il fut donné comme butin à un soldat
qui en tira cinquante écus.
   Dès que les minisires eurent pris la place des prêtres,