Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
     LETTRE INÉDITE DE Mme DESBORDES-VALMORE

                        A UNE DAME DE LYON.




   Les bonnes fortunes sont rares, en voici une que nous nous empres-
sons de saisir.
   M. Hippolyte Desbordes-Valmore réunit en ce moment, pour les
publier, les lettres que sa mère écrivait aux divers amis qu'elle avait
laissés dans tous les pays où sa destinée l'avait conduite. Nous avons
eu entre les mains quelques-unes de ces lettres charmantes adressées
à une dame de Lyon, et avec l'autorisation "des intéressés nous nous
empressons d'en faire jouir nos lecteurs avant qu'elles ne soient li-
vrées à la publicité parisienne. Nous remercions MM- Valmore de
leur bienveillante permission.
   L'ami dont Mme Desbordes-Valmore déplore si profondément la
perte est Antoine Berjon, le célèbre peintre de fleurs, décédé à Lyon
le 25 octobre 1843.
   Elshoect, le sculpteur, auteur du médaillon que Mme Valmore en •
voie à son amie, était alors dans notre ville où il terminait les statues
du Rhône et de la Saône qui ornent la façade de notre Hôtel-Dieu.
                                                        A. V.

                                      Paris, ( iiovembre 1843.
                                             >
   J'ai vos deux dernières lettres, chère Adèle, vous ne
m'oubliez pas, et votre souvenir m'adoucit bien des tris-
tesses; vous avez compris et partagé celle que vous étiez
forcée de me causer, car vous l'aimiez aussi cet ami que
nous perdons. Pensez-vous que son esprit nous ait quittés?
Si tendre et si affectueux pour moi, je ne me persuade pas
qu'il nous soit devenu étranger ni que nous le soyons pour
lui. A cet égard, ma croyance profonde devrait me con-
soler... mais non ! Je suis accablée de mélancolie, car enfin,
il est invisible, et où, Seigneur, Pa-t-on caché! Depuis bien
longtemps, en lui écrivant, sans qu'il pût jamais me ré-
pondre, je ménageais son cœur, qui, je crois était très-