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250           LE PAGE DU BARON DES ADRETS.

se retrouver en pays découvert et de se rapprocher de
la Saône; un jour enfin, l'armée poussa un cri de joie,
la dernière montagne était franchie et l'oeil n'apercevait
 plus au loin que de riches et vastes vignobles, de longs
coteaux, de douces pentes; c'était pour elle la fin des
combats ; c'était bientôt Lyon et la sécurité pour les
immenses richesses que le pillage avait mises en ses
mains.
   Au moment où les Huguenots s'approchaient d'un vil-
lage d'où les habitants avaient fui, un homme sortit
d'une chaumière et demanda aux soldats étonnés à être
conduit à leur chef. Le nom du pasteur Ruffi était connu
de tous. Les officiers s'empressèrent de prévenir le géné-
ral et bientôt les deux célèbres protestants furent en
présence.
   — L'église est profanée, la foi perdue, s'écria Ruffi
en apercevant Monlbrun qui s'avançait. Tandis que les
chrétiens combattent et versent leur.sang pour le Christ,
les enfants de Bélial se réjouissent et passent leurs jours
et leurs nuits dans les festins. Pendant que vous ren-
versez les temples et brisez les idoles, Beaumont pac-
tise avec les catholiques. Lyon n'est plus à nous que de
nom; les conseils des enfants de Dieu sont rejetés; les
infidèles triomphent; Nemours s'approche et bientôt vous
et les vôtres, général, nous tous, ici présents qui avons
combattu les saints combats, seroas-nous obligés
d'abandonner nos conquêtes et d'aller chercher un re-
fuge dans les plus hautes montagnes du Dauphiné.
    Un murmure de fureur interrompit le bouillant minis-
tre. Monlbrun, haletant décolère, lui demanda qui avait
 ainsi changé Beaumont? ce que faisaient Blancon, Pon-