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               LE PAGK DU BARON DES ADRETS.              34!

la pauvre pensionnaire qui vous avait voué tant de re-
connaissance pour le salut qu'elle avait reçu de vous?
A présent que je connais vos intentions, Monseigneur,
à présent que vous m'avez révélé vos espérances, se-
rait-ii convenable que js vous accompagne à travers les
dangers comme autrefois? Laissez-moi à Pierre-Scize,
sous la garde incorruptible de Bras-de-Fer, ou choisis-
sez-moi un autre asile digne de ma naissance et de
vous.
   — L'asile que je vous destine^ Flavio, c'est un che-
val à côté du mien, une tente près de la mienne ; ceci
est ma dernière volonté. A demain.
   Quand Marguerite fut rentrée, pâle et mourante, dans
sa chambre, elie se laissa tomber sur un fauteuil et. ne
retint plus les larmes qui inondaient ses yeux. Etre
aimée du baron, devenir sa compagne après tant de
meurtres, de pillages, après cet incendie qui fumait en-
core sur Sa montagne, ah ! c'était impossible. Sauvée à
la prise de Chabeuil, innocente et dévorée du désir de
quitter les hauts murs du couvenl, elle s'était vouée
avec l'impétuosité de son caractère à l'existence du rude
huguenot. Elle avait assisté à des prises de villes et à
des batailles, fière d'exposer ses jours à côté de celui
qui avait conservé sa vie et son honneur. Elle avait
triomphé des. triomphes de l'armée, sans se rendre
compte que les vaincus étaient des catholiques et des
Français ; mais le séjour de Pierre-Scize avait, en lui
ouvrant les yeux, mûri ses idées et sa raison. Elle avait
 vu ce que se devait une jeune fille noble et vertueuse ; elle
avait, au contact du monde, éclairé son esprit et s'était
résolue avec fermeté, à ne jamais rien faire qui dut faire