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342           LE VXCll DU ISAS'.ON DES ADRET.-;.

rougir ou même peiner ceux qui l'aimaient. Si ma mère
vivait, pensait-elle souvent, que dirait-elle de sa fille?
— Et la réponse de sa raison était toujours celle que lui
aurait faite sa mère.
   En celte circonstance la position était grave et déci-
sive ; d'elle dépendait tout son avenir. Aimait-elle le ba-
ron? Comme fille soumise et dévouée, oui, jusqu'au tré-
pas. Gomme épouse, non ; son cœur ne s'était pas donné.
Fallait-il dire oui et partager, avec la gloire et la ri-
chesse du baron, cet héritage de haine et de vengeaoce
qu'il amassait sans en avoir souci? Elle ne s'en trouvait
pas le courage. Fallait-il lui résister en face et braver
son autorité? C'était peut être manquer de prudence.
Quant à dire un oui trompeur, quant à donner sa parole
pour gagner du temps et ensuite manquer à sa promes-
se, la loyauté de la jeune fille ne le lui permettait pas.
   Après avoir longtemps pleuré, prié et réfléchi, la
vaillante fille des Varennes prit un parti.
   Ouvertement, sans avoir l'air de cacher un mystère
ou d'avoir un secret, Marianne se rendit chez Phiiomène,
dont la prudence et le courage lui étaient connus.
    — Phiiomène, dit-elle, avec un doux mais triste
sourire, mon sort est dans tes mains ; veux-tu me sau-
ver ?
   — Ma vie est à toi, répondit Phiiomène ; parle ; que
te faut-il ? et les deux jeunes filles se prenant par la
main, émues, fières et comptant sur leur mutuelle ami-
tié, se retirèrent dans uncoin.de la chambre et se mirent
à causer à voix basse.
   Marianne raconta sa reconnaissance pour le baron,
 son dévouement, les services qu'il lui avait rendus,