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BIOGRAPHIE. 331 une médaille d'or de la valeur de 300 francs, qui lui fut décernée en séance publique. Pour bien faire connaître son style, nous empruntons cette page à la Vie de Linguet, page 47, PARALLÈLE ENTRE MONTESQUIEU ET ROUSSEAU. « Les deux plus fameux écrivains politiques du xvni e siècle, sont assurément l'auteur de VEsprit des lois, et celui du Contrat social. Mais pourquoi le premier a t-il eu et aura t—il constamment la préfé- rence sur Je second ? C'est parce que Montesquieu avait longtemps médité le droit Romain et les ouvrages des Grotius et des Pufendorf, qui n'en sont que la substance ; Rousseau, au contraire, avait cru pouvoir suppléer à la science par la seule force du génie, et faire pré- valoir ainsi des systèmes imaginaires sur l'expérience des siècles. Il y a cette grande différence entre eux, que dans Montesquieu chaque idée prend sa naissance sur un principe, au lieu que dans Rousseau, c'est sur un paradoxe. L'un heurte de front toutes les opinions domi- nantes, l'autre les soumet à l'empire de la raison. Montesquieu sem- ble avoir étudié la politique au milieu du Sénat de Rome, Rousseau du haut des Alpes ; le premier défend la chose publique en dictateur sublime , le second en tribun véhément. Lisez-vous l'un ? Vous croyez assister à l'assemblée générale des nations, et vous y appre- nez la sagesse qui peut tout rétablir. Lisez-vous l'autre? Vous croyez assister à une assemblée de conspirateurs républicains, et vous y puisez l'audace qui peut tout renverser. Au nom de la liberté, de ta vertu, des droits de l'homme, Rousseau agite et quelquefois dé- range les fibres les plus sensibles de notre cœur ; par la profondeur de ses idées, par la justesse de ses systèmes, par l'ensemble impo- sant de ses connaissances, Montesquieu exerce et féconde toutes les facultés de notre entendement ; i) mûrit les têtes, et Rousseau ne fait que les enflammer. Il était très-versé dans les langues grecque et latine. Il a traduit avec beaucoup d'élégance et de profondeur une partie des œuvres d'Horace, de Cicéron et d'Homère. Il a traduit aussi, beaucoup rie passages épigrammati-