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LES PATRONS DU SI1UUS. S49
yer (j'allais dire ce môme autel), où l'holocauste de rédemp-
tion s'était accompli, on frappa à la porte, et un homme enve-
loppé de fourrures des pieds à la tôle, se présenta.
— Salut à la compagnie!.... ça va toujours comme vous
voulez?....
— Mon parrain ! Gaudriole ! s'écrièrent Lambert et Mar-
guerite.
— Eh oui, Gaudriole ! Jacques Castor Gaudriole 1
Fa tira la maillo, gaudriole, ô gué !
Après les premiers moments d'effusion : — Ça, dit-il,
comment s'est-on trimballé pendant mon absence..., voyons,
Margot. Diantre! tu fais honneur a Ion parrain.Et toi,vieux?..
un peu déplumé, mais solide encore. Allons, c'est bien. El le
cornas? absent?... faute de cornas on boil de la piquette.
Y a-t-il quelque chose à frire ? j'ai une faim de loup.
Pendant que le voyageur faisait disparaître avec une mer-
veilleuse rapidité les mets servis à la hâte, Lambert l'exami-
nait. C'était bien Gaudriole, changé mais pas embelli. Son
teint élait passé du tabac d'Espagne au caporal. Une longue
cicatrice zébrait son front d'une tempe à l'autre. Les vêtements
. étaient d'une forme étrange, mais richement fourrés.
— Ah! dit Gaudriole, je mesensmicux.il vous tarde
de savoir mon histoire. Je vous la raconterai en détail une
autre fois. La voici en abrégé. Quand je te quittai, tu sais,
Lambert?... j'avais envie de reprendre le commerce de mon
père...je suis né pour ça. J'allai au pays. Les peaux de lapins
ne donnaient pas. Faut croire que la France, et môme l'Au-
vergne, n'apprécient plus la gibelotte. Le lapin est mort, que
je dis; voyons le castor. D'ailleurs, c'est mon nom. Descastors,
ous'qu'il y en a?... En Amérique, médit monsieur locurë,
Embarque pour,là -bas !... c'est un drôle de pays. Au lieu