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196 MOUVEMENT PHTLOSOPHIQUE EN ALLEMAGNE. ardeur ses travaux scientifiques, publie ces curieux mé- moires qui sous les titresdeVéritéet Poésie et d'Annales, sont le commentaire si intéressant de sa vie et de ses œuvres. Son immense activité intellectuelle embrasse les genres les plus divers. La Théorie des Couleurs a paru en 1811 ; en 1819 la publication du Divan Oriental et Occi- dental atteste que sa veine poétique n'est pas épuisée. Premier ministre du duché de Saxe-Weimar, il sait déro- ber du temps aax affaires pour diriger, de 1815 à 1828, un journal esthétique, Y Art et l'Antiquité; enfin, à la veille de mourir, il lègue à l'Allemagne, comme une sorte de testament mystérieux, la grande énigme du se- cond Faust. Mais le grand homme ne se dissimule pas qu'un esprit nouveau souffle sur l'Allemagne, qu'un ferment d'impatience bouillonne au fond des jeunes âmes, que pour lui déjà les honneurs ont un peu rem- placé le pouvoir. Ces craintes, ces soupçons, il leur donne, comme à tous ses sentiments, une forme poétique; il les a exprimés dans la fameuse scène du bachelier du second Faust. Méphistophélès, dans un moment de loisir, est rentré dans le cabinet de Faust, et s'est assis dans le même fauteuil où jadis il s'amusa aux dépens du naïf écolier qui croyait rendre visite au docteur (1). L'éco- lier revient, tout gonflé d'orgueil; les choses ont changé de face ; la science nouvelle n'a pour lui plus de mystè- res ; il demandait naguère timidement des conseils, aujourd'hui il profère des insultes et rend des oracles : (au bachelier). — « Pour apprendre, MÉPHISTOPHÉLÈS « à vrai dire, il n'y a qu'un temps ; pour ce qui est (1) Voir le premier Faust.