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338                       PROMENADE

qu'il est ; on n'aime point mettre ainsi les étrangers dans le
secret de ses petits expédients de famille.
   — Surtout, n'est-ce pas? quand cet étranger peut en ali-
menter une chronique. Qu'il se rassure : cette chronique ne
franchira pas les bornes d'une Revue de Province, et Dieu
sait si cette publicité est dangereuse ! ce sont de bennes filles
qni ne font guère parler d'elles.
  Au même instant, l'orchestre jouait les premières mesures
du second acte du trovatore et le dialogue en resta là.
  Puisque nous sommes encore à Naples, quelques derniers
mots sur cette capitale.
   Si mille et un touristes n'en avaient fait mille et un récils,
que j'aurais eu de joie à narrer mes courses aux environs de
Naples, au Vésuve, a Sorrente, à Pouzzoles, à Baïes, à Cu-
mes, à Misène. Un jour, peut-être !.... mais, pour le moment,
je ne veux rappeler qu'un seul souvenir : ii m'est cher et
précieux et se réfère aux manuscrits d'Hercuïanum dont je
parlais tout à l'heure.
   J'ai vu, de mes yeux vu, dans un laboratoire, ou plutôt
dans un sanctuaire du Museo Bovbonico, procéder à la ré-
surrection et à la mise en carie (c'est le vrai mot) de ces pré-
cieuses épaves. — Rien de plus intéressant que cette délicate
opération, pratiquée par des artistes d'une dextérité con-
sommée. On respire à peine en les voyant manier ces rou-
leaux de papyrus noircis et calcinés par un séjour de dix-huit
siècles dans la lave et la cendre, les étendre délicatement
par fragments presque insaisissables sur une espèce de cadre
préparé ; les rattacher et les recomposer à l'aide de légers
rubans blancs et fins. Puis, quand ce chef-d'œuvre d'adresse
est terminé, arrive le savant, le déchiffreur qui, armé de la
loupe, vient épeler chacun des caractères que l'incinération
incomplète laisse deviner, et qui reconstitue ainsi mot à mot