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538 LES PATRONS DU SIRIUS. l'ai.mable Cosselte (voir Les Misérables), ni petit, ni gros, ni recourbé, ni droit, ni long, ni court, ni large, ni étroit, un nez pur enfin ! Si le galbe de cet organe me revient en mémoire, je m'empresserai d'en informer le lecteur. Il serait aussi très-avantageux de représenter mon héroïne comme légèrement poitrinaire ou même quelque peu hystéri- que. L'amour de la vérité m'oblige à certifier que Marguerite était privée de ces aimables infirmités. Figurez-vous donc une belle et grande jeune fille qui aurait pu servir de modèle à Clessinger pour une Diane chasseresse ou pour une Bac- chante... trop brune, trop hardie peut-être... mais presque aussi gracieuse que vous, charmante lectrice Je dois avouer qu'il entrait un grain de rêverie dans son caractère. Les orphelines sont toujours ainsi ; et Marguerite n'avait pas connu sa mère .', Entre ses mains, l'enclos et la maisonnette subirent d'heu- reuses transformations ; le petit cottage rajeunit. Mais une fille de quinze ans ne saurait vivre en ermite. Le diable lui-même attend d'être vieux pour en venir 15. La pauvre enfant ne larda pas à se trouver bien seule et bien oisive. Un mal terrible la saisit au cœur : l'ennui. Elle demanda des livres ; elle en eut par cargaisons. Bro- chures à vingt centimes, volumes à un franc, vieux bouquins, éditions neuves, romans, poèmes, traités philosophiques, al- manachs et tragédies.... Nosdenx pilotes achetaient...ache- taient.,., estimant que tout papier imprimé est bon à lire. D'ailleurs Jacques Castor Gaudriole, qui avait f ail ses classes, s'informait des titres. La bibliothèque de Marguerite réunit bienfôt Mme Collin et George Sand, Lamartine et Paul de Koch, Edgard Poe' et le vicomte Ponson du Terrail, accompa- gnés de Paul Féval, de Capendu.... et tant d'autres ! Marguerite lut trop.