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n. PIE 483 marcher contre les Ottomans ; » et l'assemblée répondit à cette généreuse déclaration en déciétant une expédition sainte (1). iEnéas Sylvius, dit Campano, s'exprimait d'une voix so- nore et grave, brisait ses périodes par de fréquentes poses, afin de ménager l'attention de ses auditeurs. Les biographes ne disent rien de ses gestes. Il avait la répartie prompte et spirituelle. Campano en cite un exemple tiré de celle même diète de Ralisbonne dont nous venons de parler. Un de ses adversaires lui ayant dit tout à coup : « Quand cesserez- vous de fatiguer les Allemands? » iEnéas Sylvius le cloua à sa place en lui répliquant : « Lorsque vous-même cesserez de les molester (2). » Malheureusement nous n'avons presque aucune copie au- thentique de ses brillantes improvisations. Celles qui nous restent ne sont que des oraisons composées à l'avance, ou des analyses faites après coup, pour rappeler les matières et fixer les idées principales développées dans telle ou telle cir- constance. Par exemple, les sept pages in-V qu'on lit dans le recueil de Zarothus, sous le titre de Oratioin conventu menluano, ne sont évidemment que le résumé du discours véritable, ce discours ayant duré trois heures. Mais alors on ignorait le merveilleux moyen , que connaissaient déjà les anciens et que nous possédons aujourd'hui, de surprendre la parole au vol, et delà fixer au papier toute palpitante des émotions de l'orateur et de ceux qui l'écoutent. Ces précis toutefois soutiennent parfaitement la lecture et l'on pourrait en détacher quelques citations brûlantes encore du feu sacré qui animait l'orateur. (1) Commentarii, lib. i, p. 23. (2) Et quando dcsines molestus Germanis esse ? Cum, inquit, ta incipies illis molestus non esse.