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LA CHANSON DE ROLAND. 365 tête a son cœur ; il se dirige vers un pin et se couche sur J'herbe. Il place son épée sous lui, tient son oliphant et tourne la (ête du côté de la geril païenne, dans l'intention que Char- les et tous les siens jugent que, noble comte, il est mort en brave et en vainqueur. Puis, il s'accuse de ses fautes, im- plore Dieu et pour le pardon de ses péchés, il offre le gant.... Roland est mort et Dieu'a son âme dans le ciel. L'empereur arrive û Roncevaux; il n'y a ni chemin, ni sentier, ni plaine qui ne soient jonchés de Français ou de païens. » Immense deuil de Charles et de ses guerriers. Ils poursui- vent les païens, et défont une nouvelle armée et prennent Saragosse. De retour en France, Charlemagne fait enterrer en grande porr pe, dans un monastère de Bordeaux, Roland et les douze pairs. Puis on instruis le procès de Guéuelon qui est écartelé à Aix-la-Chapelle. Voila en quelques mots le sujet que Turold a dévelorpé dans plus de 4,000 vers. Voyons comment le musicien- poète a fait passer dans son drame cette héroïque légende. On peut comparer la Chanson de Roland, à ces vieilles armures qu'aucun ornement n'égaie, mais dont toutes les parties satisfont les rudes exigences de la vie militaire. En contemplant ces austères panoplies, on est pénétré des tra- ditions poétiques attachées à ces symboles chevaleresques, à ces signes éloquents des âges guerriers, nourriciers d'une sève épique qu'on réclame en vain des civilisations moins naï- ves et plus élégantes. Or, nous vous le demandons, si le poème de Roland à Roncevaux prenait un corps aux yeux de votre imagination, l'affubleriez-vous de panaches et de man- teaux flottants, ou le vêtiriez-vous d'une solide armure? Cer- tainement vous choisiriez le fer et non le velours. Aussi la vieille armure et le Roland de Turold parlent-ils un langage exclusivement épique. Le drame et sa traduction musicale,