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346      "                PRGMENADE.

 sieurs contrées de la France, et notamment dans la haute
 Bresse, où le mari tutoie sa femme tandis que celle-ci lui dit
 vous. C'est en vertu du même principe qui fait dans ces
 mômes localités asseoir le mari et les fils à la table servie,
 tandis que la femme et ses filles mangent respectueusement
 debout devant eux. On peut y voir un reflet lointain des
 mœurs bibliques et orientales, et l'hommage lige rendu par
 le sexe inférieur au sexe prétendu supérieur.
    II y aurait sur !e chapitre du tu et du vous bien des choses
 à dire encore. Convient-il que les enfants tutoient leurs pa-
 rents?. D'aucuns disent oui, d'aucuns disent non. Depuis
 Rousseau, la société française a singulièrement oscillé dans un
 sens ou dans un autre. De nos jours, il se produit une ten-
 dance marquée à la réaction contre l'habitude des enfants de
 tutoyer leurs parents; on revient ainsi aux mœurs campa-
 gnardes, qui n'ont pas admis cette licence parce qu'elles sont
 restées fidèles aux vieilles traditions. C'est surtout dans les
 hautes classes et dans la bourgeoisie que le tutoiement d'en-
 fants à parents avait conquis droit de cité.
    Pour mon compte, sans pousser plus avanl la discussion,
j'estime que cetle formule n'exclut pas le respect, et qu'elle
comporte plus d'amitié vraie, plus de tendresse, plus d'aban-
don cordial que le vous solennel et compassé. Il semble que le
lu sonne plus sympathiquement à l'oreille d'un père ou d'une
mère.
    Je serai disposé à pousser loin mon humeur frondeuse, mais
je n'ai plus qu'une requête à présenter à mes lecteurs. Je vou-
drais qu'ils me donnassent la définition exacte de ce qu'on
entend dans le monde par un homme sérieux-. Ce mot si
vague el si élastique m'agace prodigieusement; il me fait
l'effet d'un trompe-l'œil et d'une mystification.
    Règle générale : pour faire un homme sérieux, prenez un
pédant gourmé, rasé de frais, cravatté de blanc, allier,