page suivante »
MOUVEMENT PHILOSOPHIQUE EN ALLEMAGNE. 211) l'allemand sera dans les temps modernes ce que le latin , était au moyen-âge, l'instrument indispensable de qui- conque veut se livrer à des études profondes. D'ailleurs notre public français, un peu léger, il faut le dire, et parfois avide de scandales, connaît surtout l'Allemagne par ses mauvais côtés. On ne sait pas assez en France qu'à côté de cette science conjecturale et téméraire dont les affirmations nous révoltent, fleurit aussi en Allema- gne l'étude digne et patiente, le savoir modeste qui mar- che d'un pas sûr et ferme à la conquête des plus grands résultats. Ceux qui maudissent l'Allemagne comme l'inspiratrice des ennemis les plus dangereux du christia- nisme, ignorent souvent qu'à côté de ces écoles où on nie la divinité de Jésus-Christ s'élèvent des chaires d'exé- gèse chrétienne où la vérité est défendue, et que si l'erreur est venue chez nous de l'Allemagne, c'est en Allemagne aussi qu'avec un peu plus de science, nous en pourrions trouver la réfutation. Enfin, en troisième lieu, le charme du sentiment. Non- seulement la poésie lyrique, nous l'avons dit, reste toujours grande, forte, émouvante ; mais tout ce qui sort de l'imagination allemande garde aussi la même empreinte. Le culte de la nature, le respect de la femme, l'amour de la patrie, je ne sais quel délicieux mélange de simplicité et de dignité, tel est encore le caractère des oeuvres d'imagination. Le sentiment déborde dans la littérature, et Dieu rentre par ces cœurs émus dans ce monde d'où une intelligence orgueilleuse entreprenait de le chasser. Les lettres sont du reste l'image de la société. On s'effraye parmi nous, à la lecture de tant de systèmes