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MOUVEMENT PHILOSOPHIQUE EN ALLEMAGNE. 211 aussi, passera par le creuset de la critique, et en sortira à l'étal de légère vapeur. On fera sans doute à un jeune Galiléen l'honneur d'avoir été le prétexte innocent de ces légendes, d'avoir condensé autour de sa personne les éléments épars de l'idée messia- nique, mais sa vie, sa mort, si résurrection n'en seront pas moins des mythes. Ainsi le plus grand événement de l'histoire ne sera qu'un jeu du hasard. C'est pour une méprise des imaginations malades que tant de nobles âmes auront prodigué leurs sueurs et leur sang, changé la face du monde et renouvelé l'humanité. Du reste, les disciples ne sont pas mieux traités que le maître; l'histoire ecclésiastique se renou- velle comme l'Evangile, et l'auréole des saints tombe avec la divinité du Rédempteur. Ainsi matérialisme et panthéisme en philosophie, athéisme en religion, telles sont les doctrines de la gau- che hégélienne. Voici ce qu'elle nous livre tout hérissé de formules philosophiques ; voici ce qu'une école, que je n'ai pas besoin de désigner davantage, essaye au- jourd'hui de revêtir de formes françaises, et de nous faire accepter grâce au vague de la forme, grâce au charme doucereux du style. Mais si les défenseurs du spiritualisme ont raison de s'alarmer aujourd'hui et de dénoncer le péril, l'heure du danger ne peut être longue. La France éprouve vite les idées par leurs conséquences pratiques, et le bon sens populaire fait justice des utopies du savant. C'est en vain qu'on maintient avec affectation dans les livres qui enseignent l'athéisme ces mots Dieu et âme, vieux mots utiles dont on ne saurait se passer. Une