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212 MOUVEMENT PHILOSOPHIQUE EN ALLEMAGNE. erreur sur le sens des termes prolonge seule l'illusion; et le jour où le public français apercevra nettement, derrière ces formules à moitié mystiques, cet athéisme qu'on veut lui insinuer par surprise, il se reculera avec dégoût. C'est là que les grands principes de la foi philo- sophique et religieuse retrouveront tout leur empire. On ne peut désespérer en France de la conscience et de la raison. En Allemagne même, la réaction ne s'est pas fait attendre ; elle est sortie du sein même de l'hégélianis- me; le fléau de l'école fut un de ses adeptes, Henri Heine. On a souvent répété que Goethe était le Voltaire de l'Allemagne; ceux qui l'ont affirmé ne connaissaient bien ni Voltaire, ni Goethe. Si quelqu'un, ailleurs qu'en France, peut offrir l'image de Voltaire, c'est Henri Heine. Juif d'origine, et né à Dûsseldorf, il parla la langue allemande, mais ce n'est point un Allemand. Le tour de son esprit, même avant son long séjour à Paris, est pres- que tout français. 11 a de nous la précision, l'horreur des circonlocutions, l'heureux emploi de ces mois qui por- tent et enfoncent résolument le fer dans la plaie de l'ennemi. Il rappelle Voltaire par la puissance de l'ironie, par l'audace du pamphlétaire, parla bouffonnerie sar- castique desimages dont il poursuit ses rivaux. Seul en Allemagne, il a su manier cette arme terrible du ridicule presque inconnue à ses compatriotes. L'Allemand s'irrite et ne se moque point ; la colère chez Heine prend le plus souvent la forme du persiflage. Il traversa l'Ecole hégélienne pour rompre ensuite avec elle et faire sa propre confession aux dépens d'au-