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MOSAÃQUES D'UN RÊVEUR. 159 qui jaillissent et jailliront toujours du cerveau des compositeurs. Admirez les créations des grands peintres; absorbez- vous dans la contemplation de ces chefs-d'Å“uvre qui reflètent la nature entière et toutes les choses humaines ; vous restez confondus en vous rappelant que sept couleurs simples et primitives, décomposées par le prisme solaire, produisent la série infinie de tons et de nuances que l'artiste confie à sa palette. Que si de là vous passez à l'architecture, cet art gran- diose qui est le plus puissant interprète des majestés de l'esthétique, vous vous étonnez à la pensée que des blocs d'une pierre atone et inerte puissent traduire la gamme infinie des lignes dans l'horizon. Et quand l'homme avec si peu de chose arrive à des créations aussi gigantesques, faut-il s'étonner que Dieu ait fait le monde de rien ? IL 11 en est des historiens qui écrivent l'histoire sur des matériaux de seconde main, comme des narrateurs qui décrivent un pays sans l'avoir vu et d'après les relations qu'ils en ont lues. Rien ne peut remplacer pour l'historien les documents originaux ; c'est en vain qu'il aura fouillé toutes les compilations faites sur une période historique, et qu'il se sera assimilé la moelle de toutes les recherches et de toutes les éruditions antérieures à la sienne; s'il n'a point pénétré lui-même et personnellement dans les