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	LITTÉRATURE. 103 dans l'esprit de quelques-uns de nos contemporains, à l'étude des littératures antiques De même que les Athé- niens se lassaient du beau surnom d'Aristide, il est des gens que tant de gloire semble offusquer. Au nom de la supériorité éclatante des modernes sur tant d'autres points, ils affectent de regarder comme une superstition surannée l'admiration que tant de siècles ont professée pour les antiques chefs-d'Å“uvre. En général, Messieurs, ceux qui les rabaissent ainsi ne sont pas ceux qui les connaissent le mieux, et c'est là déjà une donnée qui a sa valeur pour juger ce qu'il y a de juste ou de mal fondé dans leurs appréciations. On peut dire, sans crainte de se tromper, que quiconque étudie sérieusement les lettres anciennes en devient le fervent admirateur, et qu'elles ne comptent de détracteurs que parmi les esprits super- ficiels ou occupés ailleurs, qui les ont à peine effleurées dans les premières études. Après avoir péniblement tra- duit au collège quelques pages de cinq ou six ouvrages on croit connaître l'antiquité toute entière. On déclare ennuyeux les livres qu'on a eu l'ennui d'épeler sans les comprendre à un âge où l'intelligence trop faible et dis- traite ne pouvait en saisir le sens profond, la noble et délicate beauté. De là un préjugé qui dure souvent toute la vie, parce qu'on n'a plus ni l'occasion, ni le loisir, ni la volonté de revenir sur une expérience insuffisante; les dégoûts de l'enfant fixent ainsi l'opinion de l'homme fait, qui, sur une impression personnelle si mal justifiée, se croit en droit de protester et de s'inscrire en faux contre le jugement de tous les siècles. Il faut avouer aussi que l'admiration a été mêlée quelquefois d'un peu d'excès qui semble rendre la réaction légitime. C'est lÃ
