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102                      LITTÉRATURE.

t-il pas y ranger sans exception tous nos poètes, tous
nos historiens, tous nos orateurs, tous nos philosophes,
ceux du Nord comme ceux du Midi, et Shakespeare tout
aussi bien que Dante ou Lope de Véga ? .
    En étudiant les Grecs et les Latins dans leurs œuvres
littéraires, nous éludions donc, Messieurs, les éduca-
teurs du genre humain, ou du moins de cette grande
famille des peuples européens qui dirige le monde. Sur
bien des points, nous sommes allés plus loin que nos maî-
tres ; mais ce n'est pas une raison pour les dédaigner et
les oublier. Outre que nous ne saurions comprendre
l'état présent des lettres, de la civilisation et de l'esprit
humain si nous ne connaissions leur passé, il nous res-
 tera toujours beaucoup à apprendre à l'école de l'anti-
quité. La littérature est un art, et les arts n'obéissent
point à une loi de progrès aussi régulière que les scien-
ces. Tandis que chaque découverte scientifique s'ajoute
pour toujours au trésor des connaissances acquises, et
 fait franchir à l'humanité un échelon qu'elle' ne redes-
cendra plus, dans l'ordre des arts le bien n'est pas tou-
jours suivi du mieux, et pour trouver la perfection, il
 faut souvent reporteries yeux en arrière. Nos sculpteurs
 continuent à étudier les chefs-d'cbuvre de la statuaire
 antique sans espérer d'en égaler la beauté idéale. Il en
 est à peu près de même pour la poésie et pour l'éloquence,
 ce sont les plus grands de nos poètes et de nos orateurs
 modernes qui le proclament ; tous reconnaissent Homère,
 Sophocle, Virgile, Démosthènes, Cicéron, pour leurs
  maîtres, pour des modèles dont on approche, qu'on égale
  peut-être, mais qu'on ne dépasse pas.
      Ici, Messieurs, je touche à une des causes qui nuisent,