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HISTOIRE D'UNE MÉDAILLE. 8b e « Les Padouans, au XVI siècle, ont aussi admirablement travaillé à duper les antiquaires. « Les marchands de pièces fausses en confient souvent a des ouvriers terrassiers qui les trouvent devant vous. Cela se fait même à Rome. Après tout, je n'ose rien affirmer sans avoir vu la pièce trouvée à Cogny. » Malgré l'autorité de M. Martin-Daussigny, je ne fus pas convaincu. En effet, que cette médaille fût sortie d'un ca- binet de curiosités, de la boutique d'un marchand, ou trou- vée, comme le disait M. Martin-Daussigny, par un terras- sier travaillant devant moi et peut-être compère, elle était fausse sans rémission. Mais elle avait été trouvée réellement par une femme ignorante de sa valeur, dans un endroit où, non-seulement on ne faisait pas de fouilles, mais que rien ne semblait désigner pour un pareil dépôt. Mais un faussaire nu sème pas, à travers champs, des médailles fausses dont la valeur est au moins de quarante francs, pour le plaisir de les semer, et sans espoir d'en tirer parti. Celle-ci ne peut pas même avoir été perdue en cet endroit, où personne ne passe que le vigneron, les vendangeurs et peut-être quel- ques chasseurs peu soucieux de médailles antiques. Il n'y a jamais eu à Cogny ni château, ni cabinet d'antiquaire, ni collectionneur affriandé par une pièce rare, et disposé à la payer comme telle. La présence d'une pièce fausse me sem- blait inexplicable, et je, concevais au contraire qu'une mé- daille vraie pût se trouver dans une localité d'origine ro- maine. Quelques jours après, écrivant à Paris à un membre de l'Institut, je lui fis part de ces faits et de mon désappointe- ment. 11 me répondit en m'envoyant une lettre d'un savant numismate, M. de Longperrier, en réponse à mes doutes. M. de Longperrier, tout en confirmant l'exactitude des ap- préciations de M. Martin-Daussigny, les accompagnait de