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LA CHARTREUSE DE SAINTE-CROIX. 51 un art encore peu avancé et qu'à ce titre on pourrait bien faire remonter au moins au xvie siècle. Sainte-Croix est un village curieux, à visiter. C'est ià surtout que nous apparaît vivante et presque sans tr.;:> sition la transformation de notre société moderne par la Révolution de 1789. Hier, retraite paisible des religieux, cette chartreuse est aujourd'hui une sorte de phalans- tère, une véritable cité ouvrière, qui se livre à la fois à l'industrie et aux travaux de l'agriculture. Au silence du cloître ont succédé les cris des troupeaux, le bruit des chars rustiques, le son retentissant du marteau des for- gerons, le murmure confus d'un village où s'agite une population entière. Le contraste que présente celte vie active et bruyante avec l'aspect austère de ce monu- ment bâti pour des homuies qui aspiraient à d'autres biens que ceux de ce monde, offre assurément un spectacle étrange et sans exemple. On chercherait aussi vainement des sites plus agrestes et plus variés que ceux qui avoisinent la vieille Char- treuse. Le bassin de Couson, vaste réservoir aux con- tours sinueux, qui alimente le canal de Givors, avec les eaux réunies des deux ruisseaux de Sainte-Croix, est un lac factice qui attire chaque année, pendant les beaux jours, de nombreux visiteurs. Les uns vont contempler la sauvage nature de ses bords hérissés de rochers, pen- dant que les autres se bornent à admirer la digue colos- , sale jetée au travers de la vallée. Mais bien peu d'entre eux montent jusqu'à Sainte^Croix. Un bien plus petit nom- bre encore suit le fond de la gorge étroite qui s'étend au- dessous du bassin jusqu'auprès de Rive-de-Gier. Pourtant si l'on ne craint pas de voyager tantôt dans le lit même