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               ÉTUDE SUR LES GUERRES DE RELIGION.                    33

   Enfin pardonnez-moi, Messieurs, à travers mille exemples
de constance et de fidélité catholique, de rechercher ici de
préférence ceux qui me touchent de plus près et semblent
me rapprocher de vous à travers l'histoire ; ce fut le peuple
de Montbrison affrontant le canon du baron des Adrets, et
cinq ans après le massacre de sept ou huit cents habitants
trouvant encore du sang a verser au loin pour l'Eglise, lors-
que devant Cognac, a cent lieues de leurs foyers, tous les
hommes de la petite et vieille cité combattaient au premier
rang sous la conduite de leur bailli, Jacques d'Urfé (1). Nos
chroniqueurs ont conservé les noms sans éclat et les pro-
fessions diverses de quelques victimes du baron des Adrets,
chanoines, capucins , avocats, notaires, médecins, maré-
chaux, cordonniers (2). Ce sont ces hommes tels que les a
dépeints le poète du Forez. (Permettez-moi, Messieurs, de
lui donner ce titre, même devant vous.)
          Laborieux et fiers, obscurs mais sans remords,
          Traçant devant leur fils le sillon qu'il faut suivre
          Et marchant le front calme à d'héroïques morts (3).

   Ce sont ces hommes et leurs pareils qui ont sauvé le ca-
tholicisme en France. Le fanatisme sans doute mêla son
aveuglement et ses excès à cette généreuse défense de la
foi ; des ambitions mauvaises travaillèrent a la détourner à
leur profit, mais sans succès, et ce qui prouve que la droi-
ture des intentions prévalait en définitive parmi les catho-
liques, c'est l'impuissance de Philippe II et des Guise à se

spécialement avec le Forez, voyez LES D'URFÉ, par A. Bernard : La Ligne
et correspondance.
   (1) Chronique de Jean Perrhi citée par A Bernard. HIST. DU FORE?,
t. ii, cbap. xv.                                               „
   (2) Même chronique, LOC. CIT
  (3) V. de Laprade : Au PAYS DE FOREZ.

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