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34 ÉTUDE SUR LES GUERRES DE RELIGION.
faire livrer la France par la ligue ; c'est aussi l'impuissance
de cette ligue elle-même et sa prompte rupture après la
conversion de Henri IV.
La nation ne dut qu'a elle-même la conservation de sa foi;
elle dut à la royauté le retour de l'ordre et de la paix. Long-
temps avant le terme des guerres de religion, il était clair
que le catholicisme était et devait rester la religion de la
France, et il était clair aussi que le protestantisme ne pou-
vait en être extirpé par la force. Mais livrés a eux-mêmes
les partis pouvaient se combattre, ils étaient impuissants a
se contenir et se régler. 11 fallait une autorité supérieure,par
son origine et sa nature,Ã leurs divisions, et capable de sa-
tisfaire leurs besoins réciproques en réprimant leurs pré-
tentions exclusives. Le chef de la maison de Bourbon eut
cette gloire. Henri IV, par son avènement et son abjuration,
assura l'accomplissement de la plus manifeste des volontés
nationales: la suprématie du catholicisme, et en même temps
fonda entre toutes les libertés la plus nécessaire : la liberté
religieuse. Alors, sur une terre longtemps et profondément
remuée mais désormais raffermie, l'antique foi, arrosée par
un sang généreux, épurée par l'orage , excitée au sein
même de la paix par la contradiction, l'antique loi put refleu-
rir et sous l'égide d'un bon et grand roi tout refleurit avec
elle. Une génération de saints et de grands hommes qui com-
mence a Vincent de Paul pour finir a Bossuet et Fenelon se
prépara pour la France. N'en doutons pas; c'est par les
luttes et les dévouements religieux du xvie siècle que notre
patrie mérita ce magnifique épanouissement du génie chré-
tien, qui devait au siècle suivant réjouir le ciel et conso-
ler le monde. C'est aussi par le bien, dont Henri IV fut l'in-
fatigable et laborieux ouvrier, que la royauté acheva de mon-
ter parmi nous au faîte de la grandeur et de la puissance.
Pour retracer dignement, Messsieurs, ces grandes pacifica-