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32               ÉTUDE SUR LES GUENRES DE RELIGION.

. Enfin l'effervescence révolutionnaire des protestants dé-
concerta dans le premier instant et parut désarmer les catho-
liques. Dans un grand nombre de villes, ceux-ci restèrent
d'abord immobiles, consternés , laissant passer ce torrent
dévastateur.
   Comment donc surent-ils enfin résister et prévaloir? Sans
doute ils avaient pour eux le nombre ; mais le nombre seul
n'a jamais fait triompher aucune cause et l'histoire montre
à chaque page les majorités inertes subjuguées par les mi-
norités audacieuses. Non, ce qui valut aux catholiques leur
victoire définitive sur la tactique, sur le génie, sur l'empor-
tement de leurs adversaires, ce ne fut pas leur supériorité
numérique et matérielle, ce fut l'abondance des dévouements
obscurs et désintéressés ; ce furent les braves gens sans
nom qui, de tous les points du royaume, dans les villes et
dans les campagnes, dans les petites et dans les grandes
cités, se levèrent et moururent pour garder la foi sans pré-
tendre a la gloire; ce fut ce peuple de Paris, composé de por-
tefaix, de manouvriers, de goujats,de femmelettes, comme
devait le dire un de ses adversaires,qui supporta sans plainte
et sans peur toutes les extrémités d'un siège, et seul,
presque sans garnison et sans vivres, tint la capitale invio-
lablement fermée à la fleur de la noblesse protestante(l).
   Ce fut le peuple de Lyon qui, dirigé par ses échevins et
en étroite union avec son archevêque, un Forézien, Pierre
d'Apinac, sut rallier autour de lui et subordonner à ses ré-
solutions les provinces voisines avec leurs seigneurs, ne se
laissa entamer par aucune séduction ni aucun péril, aussi
longtemps que la religion lui parut une cause, et n'hésita pas
à mettre en prison son propre gouverneur aussitôt qu'il ne
vit plus en lui qu'un factieux (2).
     (1) De Thou, 1. xcix.
     (2) Sur les rapports de la ville de Lyon avec les provinces voisines, et