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28 ÉTUDE SUR LES GUERRES DE RELIGION. soulèvements de l'indépendance féodale et de l'indépendance municipale vinrent luiprêterune force étrangère et se ranger sous son drapeau, il lui imprimèrent de plus leur allure bel- liqueuse et turbulente. Si les Huguenots avaient été seule- ment une secte religieuse, peut-être se seraient-ils contenus plus longtemps, sous les coups qui les frappaient, dans les bornes d'une résistance passive ; s'ils avaient été seulement un parti politique, ils n'auraient pas attaqué k cette époque jusqu'en ses fondements la constitution même de la France. Mais par principe ils n'étaient pas effrayés de détruire; par caractère, ils étaient avides de combattre. De la les guerres de religion, leur portée, leur hardiesse et leur durée. Les protestants français prirent les armes dès qu'il se ren- contra parmi eux des hommes capables de les porter ; les scrupules évangéliques sur la soumission due aux puissances établies, et les exemples de la primitive Eglise ne les arrêtè- rent que jusqu'au moment où la révolte parut praticable (1) ; il suffit de prêter l'oreille à leurs premières délibérations pour s'en convaincre et malgré quelques déguisements indispen- sables, il ne faut pas non plus ouvrir longtemps leurs écrits politiques pour reconnaître que cette révolte tend à une révo- lution. Les plus modérés parmi leurs publicistes annulent la royauté, les autres la transfèrent ou la suppriment, et quand la Saint-Barthélémy les a provoqués a ne plus rien ménager, de toutes parts ils soutiennent que les saints ont droit et de- voir, non seulement de déposer, mais de tuer les tyrans. La théorie du régicide et toutes les doctrines révolutionnaires, que les ligueurs devaient adopter plus tard, ont été conçues d'abord dans le sein de la Réforme (2). (1) Pigncrre, liv iv, cbap. ix et xv. — De Thon, xxix et xxx. (2) Voyez notamment le Franco Gallia d'Hotmann, le Vindiciœ contra tpannos de Linguct , la France-Turquie, e t c , et l'analyse des divers