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POÉSIE. Durant septembre épanche sa corbeille, Me raviver aux rayons du soleil. Mon noble Rhône, à l'eau rapide et claire, Me montrera les remparts d'Avignon, Du roi René le castel solitaire Au bord des eaux qui baignent Tarascon, Et le château qui domine Beaucaire : Puis j'irai voir par le chemin de fer Nîmes l'antique, aux ruines romaines, Son aqueduc, ses temples, ses arènes, Puis Montpellier, puis Cette, puis la mer. L'hiver, plus tard, amenant la froidure Me reviendra clouer au coin du feu. Les pieds au chaud, mon cerveau, d'aventure, En le frottant me rendra bien un peu Des cent tableaux observés sur nature. J'aurai des champs, la mer, des horisons, Des vallons creux, des collines, des monts, Des monuments, des hommes et des villes De mon travail matériaux utiles, Qui, triturés selon l'art par l'esprit, Sauront trouver un recoin, une place, Où, sans gâter le galbe d'un récit, Ils se pourront enchâsser avec grâce. L'homme, tu sais, maître, c'est le cerveau : Enlevez-lui les trésors que sa tête Tient enfermés comme moelle en sureau, Le voilà moins, ou pas plus que la bête : Bons ou mauvais, n'ayant que des instincts Comme les loups, les bœufs, ou les lapins.