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8                      poisiE.
    Maître, tu sais combien cette puissance
    Que donne au cœur l'imagination
    Fait supporter, avec persévérance,
    De maux divers, et cette affliction
    Qui vous saisit, quand, barbe grisonnante,
    Vous regardez, les traits bouleversés,
    Tous vos projets détruits et renversés
    Sous les efforts d'une étoile méchante.


    Je suis heureux, moi, comme tu fus
    Aux temps passés, maître, autant et pas plus.
    De cent projets j'ai vu casser le verre
    Qui me montrait, brillant dans l'avenir,
    Comme un point d'or, la Fortune prospère
    En souriant souscrire à mon désir.


    J'ai rencontré, l'espèce en est peu rare,
    Tout comme toi, de ces ducs de Ferrare,
    Mais ducs bourgeois, à ne te pas mentir,
    Race encor plus crasseuse et plus avare !
    Qui m'ont fait riche, autant que tous les tiens
    T'avaient comblé de faveurs et de biens.


    Tout comme toi, pour embellir ma vie,
    Et la soustraire à la réalité
    Pour trop durer qui m'aurait hébété,
    J'ai cultivé l'art de la poésie :
    Bien entendu, je t'en donne ma foi,
    Sans le dessein de m'approcher de toi,
    Car ton élève eût calciné son aile
    A voltiger trop près de ta chandelle.


     Maître, permets, après ce que j'ai dit,
     A ton suivant de te faire un récit