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LA DIPLOMATIE FRANÇAISE EN ORIENT. 459 sence ou par lettres, vous donner de bref plus particulière information de toutes choses, il me semble ne vous devoir faire plus longue la présente, priant Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde. De Pera lez Constanlinople, le 4 juillet, 1546. » Charles-Quint, ravi d'une circonstance aussi inespérée qui semblait de nature à modifier les vues du conseil, pressait son ministre d'en profiter pour conclure une trêve de trois ans. Mais Soliman prêtait plutôt l'oreille aux inspirations de M. de Cambray qui employait tous ses efïorls pour faire ajourner la réponse aux demandes de Velwic jusqu'à ce que un ambassadeur en titre vint faire connaître les nouvelles intentions de la cour de France. L'arrivée de M. de Codi- gnac le servit à point. Ce diplomate, parti en courrier, ap- portait des lettres pour les principaux personnages du gou- vernement turc et annonçait la nomination de M. d'Aramont au poste d'ambassadeur. À cette nouvelle, un revirement complet s'opéra dans le Divan, toujours soumis aux oscilla- tions d'une politique vénale. Si l'or de Charles-Quint avait prudemment gagné les pachas à sa cause, la libéralité fran- çaise se présentait à son tour comme une nouvelle mine à exploiter et ces hommes, dévoués en apparence à celui qui avait payé leurs sympathies, se tournaient contre lui dès qu'un souverain plus généreux laissait espérer de nouveaux dons à ceux qui soutiendraient ses intérêts. Tel était alors le seul mobile des hommes d'Etal de la Turquie dans toutes les phases de la vie publique. Loin d'en accuser le brave et géné- reux Soliman, on doit reconnaître à la louange de ce prince, qu'il gémissait de la cupidité de ses sujets, vice qui arrêta pendant plusieurs siècles les hautes destinées que les sultans voulurent donner à leur nation. Dans la circonstance qui nous occupe, cette cupidité ottomane servit à tel point nos intérêts que M. de Cambray reçut du divan une promesse