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SUR LE CARDINAL JEAN DE R0CHETA1LLÉE. 383
Sans doute, ce n'était pas chose facile que d'obtenir ce tri-
ple consentement, mais il pouvait être obtenu. Jean de Ro-
chelaillée entrevit le coup qui menaçait sa ville épiscopale et
fil mouvoir en cour de Rome des ressorts si puissants, que,
malgré tout son crédit, le duc de Savoie ne put arracher Ã
la chancellerie l'expédition de la bulle d'investiture. Amé
comprit qu'il n'atteindrait jamais son but s'il ne mettait l'é-
vêque de Genève de son côté. Il vit donc ce prélat à Cham-
béry, lui expliqua ses vues et le pria de ne pas s'opposer da-
vantage à ses légitimes prétentions, promettant en retour, Ã
lui êvêque ainsi qu'à l'Eglise de Genève, une compensation
dont ifs auraient lieu de s'applaudir.
Si enlacé qu'il dût ôire par ces offres attrayantes, Jean de
Rochelaillée sut trouver une réponse pour y échapper. Il dit
au duc qu'il avait besoin de conseil pour se décider; qu'ap-
pelé depuis peu de temps à l'administration de son diocèse,
il n'élait pas assez instruit de l'état et de son église et de sa
ville épiscopale pour savoir par lui-même ce qui leur était
avantageux ou nuisible; qu'au reste, dans tous les cas, la
proposition du duc constituait une question trop grave pour
qu'il osât la résoudre sans l'avis et le consentement du clergé,
du peuple, des syndics de la commune, des vassaux de l'Eglise
et de la cité. Amé ne pouvait n'en opposer à de si justes ob-
servations, et il se vil obligé d'attendre le résultat des dé-
marches de l'évêque.
Le dernier jour de février 1420, le clergé, les bourgeois,
les syndics, les vassaux de l'Eglise et de la cité de Genève
s'assemblaient dans le cloître de Saint-Pierre. Là , Jean de
Rochelaillée, après leur avoir donné connaissance de la requête
du duc, de l'approbation du souverain pontife, de l'opposition
que luiévêque avait faite h l'expédition de l'acte d?invesliture,
de la compensation par laquelle Amé s'offrait à dédommager
l'Eglise et la ville, il leur demanda ce qu'ils jugeaient à propos